Léon Delachaux,
peintre et photographe
« C’est curieux de voir tout ce que Léon Delachaux peut faire dire à des murs, à des meubles, à de vieilles pierres qui ont été témoins de notre vie, de nos chagrins ou de nos joies, quand il sait en dégager ce que nous y avons laissé de nous-mêmes. »
Max Doumic, « Les Salons de 1910 », Le Correspondant, 1910
Né en 1850, Léon Delachaux passe son enfance en Suisse, son adolescence en Égypte, puis part aux États-Unis, avant de regagner la France.
Originaire d’une famille d’horlogers suisses, il est d’abord graveur sur boîtiers de montres à Philadelphie. En 1875, il y épouse Marie-Appoline Noël, surnommée Pauline, une Française avec laquelle il a un fils, Clarence. Léon Delachaux s’oriente vers la peinture alors qu’il est déjà âgé de vingt-six ans et père de famille. Il se forme à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts (PAFA) où il apprend la peinture. Il vit dès lors de ses créations jusqu’à la fin de sa carrière et s'initie, par ailleurs, à la photographie.
Dans ses œuvres de jeunesse, on remarque une série de portraits de Noirs américains qui comptent parmi les premiers modèles noirs contemporains de la part d’un peintre européen.
Léon Delachaux rentre en France en 1883 et s’installe au sein de la colonie artistique internationale rassemblée à Grez-sur-Loing où il fait la connaissance de peintres du monde entier. Marqué par le Siècle d’or hollandais, il développe alors une thématique qu’il poursuit durant toute sa carrière : les scènes d’intérieur paysannes et les femmes à l’ouvrage.
En 1888, la famille Delachaux s’installe à Paris, à Montmartre, et alterne avec des séjours à la campagne pour ménager la santé de l’artiste.
De 1887 à 1905, il réalise des portraits majeurs, qui constituent sa meilleure période. Dans la veine de Thomas Eakins (1844-1916), dont il était élève à la PAFA, ses portraits expriment la dignité de ses modèles dont l’intériorité est subtilement affleurante.
En 1900, il s’installe à Saint-Amand-Montrond, dans le centre de la France, où il réside jusqu’à sa mort en 1919. Un important fonds photographique de cette époque – réalisé par l'artiste – transcrit l’importance de cette pratique dans son processus créatif, depuis le début et jusqu'à la fin de sa carrière.
Delachaux expose toute sa vie à l’international et est assidu aux Salons. C’est en tant que portraitiste qu’il excelle et qu’il est le plus remarqué par la presse de son époque.